Qui sont vraiment les gens que nous aimons, que nous côtoyons des années durant, que nous croyons connaître ?
Qu’une vie soit arrivée à son terme permet parfois de la définir, ou en tous cas de lui trouver un fil rouge, une ligne directrice, un sens peut-être. L’existence précède l’essence, comme disait certain philosophe…
Mais parfois c’est de l’au-delà que semblent venir les indices : une anecdote inconnue entendue des années après, une photo découverte trop tard et qui en dit long sur quelque chose que l’on ignorait, ou une lettre reçue, comme ici, après la mort de l’expéditeur. Alors brusquement, un changement de perspective s’impose, on voit les choses sous un autre angle, ce que l’on n’avait jamais soupçonné, ou souvent préféré ne pas voir, vous crève aussitôt les yeux…
Sa sœur savait-elle que Daniel faisait semblant ? Qu’il s’était efforcé toute sa vie de coïncider avec ce qu’il pensait être la normalité, au prix sans doute d’efforts exténuants, au risque de s’y perdre et d’y perdre ceux qu’il aimait ? Et qu’un jour, il avait ôté le masque, parce qu’on ne peut pas, toute sa vie, jouer un rôle, donner à voir ce que l’on n’est pas ? Daniel a un jour buté sur le miroir, jugé que c’en était assez, que cette mascarade lui avait apporté du bonheur sans doute, mais à un prix trop élevé : en le dissociant de lui-même. Il a alors décidé de se rejoindre.
Nous sommes tous couverts de ces oripeaux que la vie sociale, les relations humaines, nous enjoignent de porter. Ils nous arrive de les trouver parfois très utiles, dans les périodes floues où ils nous servent de prothèses d’identité. Retrouver la vérité de notre désir, et ne plus céder sur celui-ci, exige souvent de passer par des chemins bien difficiles…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire