Ceux qui entrent en religion en se retirant dans la prière et la contemplation, et pour lesquels le contact avec leurs semblables est secondaire à leur passion, sont parfois vus comme des obsessionnels qui refusent la vraie vie. Au lieu d’accepter la réalité et, s’ils se sentent investis d’une mission, travailler pour un monde meilleur dans l’action, ils prendraient la fuite vers des croyances invérifiables et absurdes.
Pourtant, cette histoire d’un homme entré en lecture dès l’enfance, sous l’influence de ses parents – il aurait pu tourner le dos à leur culture – est une défense et une illustration de la vie religieuse. D’ailleurs, Romain Lacour choisit sa vocation « comme on s’abrite dans un couvent du vacarme du monde ». Plus explicite encore, il « consacra son existence » à la lecture.
Comme pour un religieux, cet amour prend le pas sur tout le reste, femmes, famille, « ce qu’on appelle la vie ». Pour lui, l’amour des livres, comme l’amour de Dieu, donne un sens à son existence. La lecture solitaire, régulière et soutenue est, comme l’adoration du saint sacrement, une voie vers l’épanouissement. Il devient un avec ce qu’il lit, comme le moine aspire à devenir un avec le Christ.
Par ce retrait du « vacarme » ni l’un ni l’autre ne réduit sa participation au devenir de l’humanité : au contraire, leur action solitaire étaie la vie des autres. La foi ne peut que se partager.
En faisant le portrait de ce bibliothérapeute, l’auteur réclame pour les laïcs la notion d’extase, ce mouvement de l’âme qui, avec ou sans Dieu, est universel. Car la solidarité est une accumulation de mouvements d’âme individuels.
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