18/11/2014

Le regard de Denis Mahaffey sur « Nom de Dieu »

Et si Dieu était une impertinence… ? L’imaginaire humain s’amuse bien à demander « Et si… ? » Si l’Allemagne avait gagné la guerre… Si le jeune homme n’était pas entré dans le même café que sa future bien-aimée à Dieppe, un jour de vacances…
    Si Dieu existait, mais sans se rendre compte qu’il était Dieu ? Il aurait le banal nom de famille de « Dieu », fils de Monsieur et Madame Dieu. Il ignorerait sa création du monde, ne déploierait aucun attribut divin. Ses parents ayant foi en le progrès plutôt de l’humanité que du catholicisme, leur enfant ne fréquenterait même pas les maisons de Dieu où il était objet d’adoration. Signe concluant qu’on ignorait sa vraie nature, il n’aurait droit aux majuscules initiales à ses pronoms et possessifs qu’en début de phrase, comme tout le monde.
    A peine effleuré par un soupçon occasionnel de la portée transcendante de son appellation, et sans l’idée de sa toute-puissance, ce Dieu mène donc une existence « sans éclat », choisit un métier étriqué où il se félicite « d’être pour quelque chose dans l’ordre de l’univers », sans savoir que c’est lui qui aurait posé cet ordre.
    Mais ce n’est pas si simple. Les premiers mots, « Dieu ne savait pas qu’il s’appelait Dieu », initient une mise en abyme déroutante. Le mot – et la logique - y sont secoués comme une vieille pantoufle dans la gueule d’un chien. Au fond, est-il Dieu ou s’appelle-t-il seulement Dieu ? Naître, mourir : loin d’être assis dans son fauteuil de nuages, ce Dieu serait coincé sur terre comme un humain, ou serait humain, point final.

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